6

Le lendemain, Imogène se leva, prête à reprendre la lutte. Elle éprouvait bien quelque amertume en constatant que sir Henry Wardlaw ne lui donnait pas signe de vie, mais il l'avait prévenue : elle ne devait pas compter sur lui, il attendait simplement quelle menât sa mission à bien.

Lorsqu'elle fut prête à sortir, miss McCarthery décida d'effectuer une longue promenade qui lui éclaircirait les idées et la pousserait à décider où et de quelle façon elle lancerait sa contre-attaque.

Lair était d'une douceur merveilleuse. Marcher s'avérait un plaisir vivifiant et Imogène respirait à pleins poumons la brise chargée des salubres odeurs de la lande. Tout concourait à amollir le cœur de cette robuste fille à qui la fraîcheur du matin insufflait de romantiques idées. Elle se résolut à gagner le loch Vennachar, pour s'asseoir un moment sous ses ombrages un peu en amont de l'endroit où la Teith sort du loch. Peut-être espérait-elle y rencontrer Andrew Lyndsay et l'entendre enfin lui dire sa tendresse. La perspective d'un avenir matrimonial fit songer Imogène aux occasions perdues de sa jeunesse. Elle revit Harry Crumpcket, lieutenant au Coldstream Guards, qui, deux années durant, lui avait fait la cour jusqu'au jour où le capitaine McCarthery avait sommé sa fille de choisir entre lui et son amoureux. Imogène avait beaucoup pleuré, mais elle était si habituée à tenir son père pour l'astre de sa vie qu'elle avait congédié Harry, devenu depuis colonel et père de cinq enfants. Deux autres prétendants — James et Philip — l'un petit propriétaire terrien, l'autre professeur, avaient dû, eux aussi, renoncer devant l'égoïsme de McCarthery. Devenue orpheline, Imogène avait maiiqué de convoler en justes noces avec un certain Harry Bowland, clerc de notaire à Londres. Ils s'étaient connus à un concert de Y Albert Hall, que dirigeait sir Thomas Beecham. Ils étaient sortis souvent ensemble, et avaient découvert que leurs goûts coïncidaient, sauf sur un point : Bowland s'affirmait aussi farouchement anglais que miss McCarthery se voulait écossaise. La rupture avait eu lieu sur le terrain de Twiekenham, où, de compagnie, ils assistaient à la rencontre de rugby Angleterre-Ecosse, comptant pour le tournoi des Cinq Nations. Ce jour-là, Bowland portait une rose à sa boutonnière, tandis qulmogène avait épingle un chardon au revers de son tailleur. Ils s'étaient montrés, l'un et l'autre, à peu près impartiaux pendant la première mi-temps du match mais les choses s'étaient gâtées lorsque le demi de mêlée écossais avait été pénalisé pour brutalité et que cette sanction avait permis à un avant de la Rose de tenter et de réussir un drop-goal. Imogène ayant remarqué aigrement que l'arbitre gallois avait dû être acheté par les Anglais. Bowland avait répliqué que ces rustres d'Ecossais essayaient de compenser par la brutalité leur infériorité technique. Ce furent les dernières paroles qu'ils échangèrent. L'Ecosse ayant été finalement battue, miss McCarthery était rentrée seule à Chelsea. Doués tous deux d'un abominable caractère, ils s'étaient cantonnés mutuellement sur leur quant-à-soi et ne s'étaient jamais revus.

Miss McCarthery atteignit l'extrémité du loch Vennachar sans rencontrer Lyndsay. Elle s'enfonça dans les bois et s'approcha du bord de l'eau dont la limpidité s'accordait avec son état d'âme. Telle une amoureuse de lord Byron, elle s'assit sur le rivage et regarda le coûtant assez fort à cet endroit-là. Elle s'imaginait faire preuve d'originalité en y voyant le symbole de sa propre existence et, pour son plaisir, elle se récita tout un poème de Robert Burns, qu'elle tenait pour le seul poète authentique de la civilisation occidentale. Elle venait de buter sur un vers dont un mot lui échappait lorsqu'elle éprouva l'impression d'être épiée. Se retournant brusquement, elle eut le temps de surprendre une silhouette qui se dissimulait derrière les arbres. Finie la poésie l Terminé le lyrisme ! Et comme Robert Bruce, au moment de déclencher l'assaut contre les Anglais à Bannockburn, elle se dit que le temps des chansons était passé et qu'il importait maintenant de se battre, et ae se battre bien. Elle se redressa avec le moins de bruit possible. Elle n'avait pas peur. Au contraire, elle remerciait le ciel de lui envoyer son ennemi, car, pour aussi rapidement qu'il eût disparu, elle avait pu reconnaître le melon de Flootypol, l'espion gallois. Elle résolut d'opposer son intelligence à sa ruse. Maudissant une fois de plus son insouciance qui lui avait fait négliger d'emporter son revolver, elle ramassa un solide bâton et, partant en sens inverse de son arrivée, elle espéra contourner l'ennemi et l'assaillir par-derrière.

Miss McCarthery, se rappelant les jeux de son enfance, avançait en prenant le maximum de précautions, étouffant le plus possible l'écho de sa marche, évitant de faire craquer le bois sec. Elle ne savait plus très bien si elle s'amusait ou non, mais le fait est que cette nouvelle aventure ne lui déplaisait pas. Elle arriva ainsi à une langue de terre qui se prolongeait sur l'eau en un cap minuscule. Tout passage se révélait impossible et, pour franchir cet obstacle, Imogène devait se suspendre aux branches surplombant le courant, tout en gardant un léger point d'appui par l'extrémité de ses chaussures. Elle se lança avec impétuosité et la branche à laquelle elle se cramponnait cassa net. Miss McCarthery n'eut que le temps de jeter un cri angoissé avant de tomber à l'eau, où elle fut immédiatement entraînée. Aussitôt, le hallier se creusa sous une charge puissante et Flootypol apparut. Pour mieux voir, il se risqua sur le cap miniature, en ayant la malencontreuse idée de s'accrocher à ce qui restait de la branche cassée par Imogène, et c'est ainsi que le Gallois rejoignit l'Ecossaise dans le loch.

Ce jour-là était celui du repos hebdomadaire du constable Samuel Tyier. Ainsi qu'il en décidait chaque fois qu'il se trouvait en congé, le policier s'en fut à la pêche. Il excellait dans ce sport au même titre que son supérieur hiérarchique aux échecs. Le constable passait pour l'une des plus fines gaules de la région et les jeunots comme les vieux ne craignaient pas de lui demander des conseils, ce dont Samuel lyier tirait une vanité sans limites. On savait qu'il appâtait d'une manière spéciale et que les vers frétillant sur ses hameçons avaient subi une préparation dont il gardait jalousement le secret. Les plaisantins affirmaient qu'il faisait mariner ses asticots dans le whisky et qu ils répandaient alors un parfum auquel des poissons écossais ne pouvaient rester insensibles.

Laissant aux novices et aux villégiateurs le soin de se promener en barque sur le loch dans la certitude que les plus belles prises ne pouvaient réussir qu'en eau profonde, Samuel Tyler se plaçait près de l'endroit où la rivière Teith sort du loch Vennachar, sachant que le poisson qu'il recherchait aimait ces eaux agitées.

Arrivé sur l'emplacement de son choix, le constable se livrait aux différentes manifestations d'un rituel depuis toujours scrupuleusement observé. Il commençait par ouvrir le petit siège pliant sur lequel il s installerait, puis if appâtait : cela fait, il se donnait la permission de fumer une cigarette, ensuite il débouchait sa bouteille de whisky et en lampait une bonne gorgée. Passant alors aux choses sérieuses, il préparait ses hameçons et le match entre les poissons du loch Vennachar et Samuel lyler pouvait commencer. Le pêcheur ôtait sa veste, qu'il rangeait soigneusement à quelques mètres derrière lui pour qu elle ne soit pas éclaboussée et prenait place sur son siège où il allait se figer dans une immobilité de pierre durant des heures.

Ce matin-là, il venait de tremper son fil lorsqu'il crut être la victime d'une hallucination. Il posa la main gauche sur ses yeux, les maintint fermés quelques secondes, les rouvrit et retrouva l'image qu'il avait pensée être le fruit de son imagination : la tête de l'Ecossaise aux cheveux rouges qui passait au fil de l'eau ! Le constable se dressa, étouffant un jurçm. Inquiet, il se tourna vers sa bouteille de whisky, se demandant si, par inadvertance, il ne l'aurait pas vidée d'un coup en pensant à autre chose ! Il reporta son regard sur le loch et, horrifié, vit la tête a Imoeène disparaître sous l'eau tandis qu'émergeait celle du Gallois qui avait gardé son melon et dont la moustache pendait lamentablement. Convaincu qu'il était devenu fou, Samuel faillit pousser un hurlement de terreur. A ce moment, miss McCarthery reparut et il sembla au constable que ces deux-là se battaient ! Affolé, il se mit à hurler :

     Au secours ! Au secours ! Au secours !

Alors, le miracle se produisit, qui réintégra lyier dans la réalité de ce monde et ce, par l'intermédiaire dlmogène qui, crachant tme gorgée d'eau, l'apostropha.

  Espèce d'imbécile ! C'est à moi de crier « au
secours », pas à vous !

Frappé par cette réflexion d'un bon sens indubitable, Samuel éprouva un curieux sentiment de honte et ne sut que dire :

     Ne vous fâchez pas, miss Imogène...

Déjà la tête de miss McCarthery dérivait, ainsi que celle de l'homme au melon.

  Samuel Tyler, allez-vous, oui on non, accomplir votre devoir et venir me chercher ? Ou bien, assisterez-vous impassible à ma mort ?

Tyler tressaillit aevant ce rappel à ses obligations  prononcé d'une voix énergique. Certes, il atteignait a soixantaine et piquer une tête dans le loch Vennachar n'était pas pour l'enchanter, mais sa fonction lui imposait de se porter à l'aide des hommes et des femmes en danger. La loi dont il se voulait un serviteur sans reproche et la religion dont il se flattait d'être un disciple fervent, unissaient leurs enseignements pour le convaincre de faire, ce matin-là, ce dont il n avait pas du tout envie. Ainsi, parce qu'il portait l'uniforme de constable de Sa Gracieuse Majesté, Tyler en dépit de son âge et de sa terreur des rhumatismes, se jeta à l'eau pour Dieu, pour l'Angleterre et pour cette maudite fille aux cheveux rouges !

Ayant échoué dans toutes ses attaques, reconnaissant que ses subtilités tactiques ne parvenaient pas à entanier les lignes défensives des « noirs », Archibald McClostaugh résolut de déclencher l'offensive avec ses pions blancs, seuls capables de porter le désarroi dans le camp ennemi et de pousser l'adversaire à des manœuvres imprudentes. Ayant avancé les deux premiers représentants de l'infanterie blanche, il se demandait si les « noirs » devaient réagir par une contre-attaque de leur cavalerie quand la porte de son bureau, en s'ouvrant, lui mit sous les yeux le plus effarant spectacle qu'un chief-constable de Calîander ait jamais eu l'occasion de contempler.

La terriolè miss McCarthery, ruisselante d'eau et dont la robe s egouttant donnait naissance à de petits ruisseaux se transformant en de véritables mares sur le plancher, se tenait devant lui, ayant à ses côtés ce Gallois qui ressemblait à un caniche qu'on eût trempé dans une baignoire et un Samuel Tyier en civil, mais dans un état tout aussi lamentable. Pour compléter ce tableau, le fermier Ovid Allanby suivait l'extraordinaire trio mais lui, du moins, ne paraissait pas avoir cru bon de prendre une douche tout habillé avant de se présenter à McClostaugh. Archibald était trop stupéfait pour poser la plus anodine des questions. D ailleurs, de toute façon, il aurait été dans l'incapacité de se faire entendre, tout le monde criant à la fois. Samuel essayait d'exposer la situation, Imogène hurlait qu'on avait voulu l'assassiner, le Gallois protestait qu'il ne voulait plus jouer les têtes de Turc, mais son chapeau melon, qui ressemblait à un toit dont la gouttière déborderait après un orage, lui donnait une note comique empêchant de le prendre au sérieux. Quant à Ovid Allanby, il gueulait qu'il exigeait de savoir qui allait lui nettoyer sa damnée voiture réquisitionnée par ce damné Tyler pour y mettre ses damnés noyés qui avaient sali ses aamnés coussins.

Conscient de ce que son autorité était bafouée, Archibald McClostaugh hurla :

     Taisez-vous, tous !

Surpris, ils obéirent, ne fut-ce que pour reprendre leur souffle. Archie, sévère, s'adressa à Imogène.

  J'ignore ce que vous avez encore inventé pour fomenter un nouveau scandale, miss McCartnery, mais je vous avertis que ma patience est à bout !

Imogène regimba :

Ne vous fâchez pas, Imogène!: Chewing-gum et spaghetti ; Les blondes et papa ; Vous souvenez-vous de Paco ?
titlepage.xhtml
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_000.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_001.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_002.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_003.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_004.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_005.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_006.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_007.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_008.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_009.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_010.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_011.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_012.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_013.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_014.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_015.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_016.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_017.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_018.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_019.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_020.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_021.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_022.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_023.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_024.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_025.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_026.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_027.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_028.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_029.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_030.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_031.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_032.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_033.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_034.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_035.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_036.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_037.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_038.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_039.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_040.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_041.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_042.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_043.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_044.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_045.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_046.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_047.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_048.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_049.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_050.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_051.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_052.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_053.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_054.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_055.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_056.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_057.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_058.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_059.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_060.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_061.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_062.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_063.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_064.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_065.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_066.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_067.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_068.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_069.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_070.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_071.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_072.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_073.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_074.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_075.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_076.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_077.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_078.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_079.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_080.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_081.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_082.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_083.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_084.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_085.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_086.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_087.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_088.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_089.htm
Exbrayat - Ne vous fachez pas Imogene!_split_090.htm